Jurisprudence 3ème trimestre 2018

Le décalage dans le temps entre la date d’indexation et la date du renouvellement

(Cass.Civ 3e 13/09/2018 n°17-19.525)

Dans cette affaire, un bailleur a refusé le renouvellement du bail commercial d’un local destiné à la manufacture de textile puis exercé son droit de repentir en demandant la fixation du loyer à la valeur locative. En contestation, le preneur a demandé la nullité de la clause d’indexation estimant qu’il y avait une distorsion entre l’intervalle de variation des loyers (12 mois) et la durée écoulée entre les 2 révisions (11 mois) du fait d’une date de renouvellement différée.

La cour d’appel, pour accueillir la demande de nullité, a considéré que cette distorsion opère mécaniquement un effet amplificateur lors des indexations suivantes pendant toute la durée du bail. La cour de cassation casse cet arrêt farfelu estimant que la distorsion retenue ne résultait pas de la clause d’indexation elle-même, mais du décalage entre la date de renouvellement du bail intervenu le 1er février et la date prévue pour l’indexation annuelle du loyer fixée au 1er janvier.


La déspécialisation autorisée ne donne pas tous les droits !

(Cass.Civ 3e 12/07/2018 n° 17-22.303)

Un preneur souhaitant étendre son activité de restauration rapide demande à son bailleur la déspécialisation de son bail commercial et l’autorisation de réaliser des travaux d’aménagement en vue de la cession de son droit au bail. Ce dernier accepte moyennant uneindemnité de déspécialisationmais reproche à son locataire d’avoirmodifié la distribution des lieuxet notamment d’avoirsupprimé l’escalier et l’ascenseur privant l’étage de tout accès.

La cour de cassation a considéré que ces travaux constituait une modification de la distribution des lieux loués réalisée sans l’accord du bailleur et que le préjudice en résultant devait être réparé outre l’indemnité qui lui avait été versée lors de la cession en contrepartie de la seule despécialisation.


L’indemnisation de la privation de jouissance du local commercial

(Cass.Civ 3e 13/09/2018 n° 17-21.630)

Dans cette affaire, un congé avec offre de renouvellement portant sur deux immeubles à usage d’hôtel et restaurant, a été délivré par un bailleur. Le preneur a ensuite assigné le bailleur en indemnisation du préjudice résultant de l’impossibilité d’exploiter le restaurant du fait d’un défaut d’étanchéité de la toiture.

Dans un premier temps, la cour d’appel a rejeté la demande au motif que la privation de jouissance de la salle de restaurant a été prise en compte dans la fixation du loyer renouvelé, l’immeuble faisant l’objet du désordre ayant été exclu du calcul de la valeur locative.La cour de cassation casse cet arrêt en estimant que le gain manqué du fait de l’impossibilité d’exploiter le restaurant constituait un préjudice distinct de celui résultant de la privation de jouissance de la salle de restaurant, susceptible d’être indemnisé indépendamment. Le bailleur a donc été doublement pénalisé dans cette affaire.

A lire également

Projet de loi sur la simplification de la vie économique

Vers une administration plus fluide… mais controversée Adopté en première lecture à l’Assemblée nationale le 17 juin 2025, ce projet ambitionne de réduire la complexité administrative qui pèse sur les entreprises françaises, en particulier les TPE et...

Nouveaux indices INSEE 2ème trimestre 2025

Point sur les publications INSEE concernant les indices utiles en matière de baux commerciaux et immobiliers au 2ᵉ trimestre 2025 (ILC, ICC, ILAT, IRL), publiés le 23 septembre 2025 : Indice de référence des loyers (IRL) Pour le 2ᵉ trimestre 2025, l’...
Shops 5992277 1280

Déplafonnement du bail commercial renouvelé

Cour de cassation, civile, Chambre civile 3, 18 septembre 2025, 24-13.288 Un Preneur sollicite le renouvellement de son bail commercial. Le Bailleur accepte le principe du renouvellement, mais demande une augmentation du loyer, soutenant que la valeu...
Rappel

Rappel sur l’exception d’inexécution

Cour de cassation, civile, Chambre civile 3, 18 septembre 2025, 23-24.005 Une SARL avait donné à bail commercial à une locataire un local pour 23 mois. Le bail prévoyait une indemnité de pas de porte d’un montant de 12.000 € en cas de conclusion d’un...

Optimisez le présent, valorisez l'avenir

Nous sommes là pour vous aider avec toutes vos questions sur la gestion immobilière.